L’objectif de « La boite à merveilles » pour le petit enfant ‘Sidi Mohammed’ :
Boîte sous le lit:
La Boîte à Merveilles est une boîte ordinaire contenant des objets ordinaires. Des objets hétéroclites, en matière transparente, en métal, en nacre. Un bouton de porcelaine, des boules de verres, des anneaux de cuivres, un minuscule cadenas sans clef, des clous à tête dorée, des encriers vides, des boutons décorés, des boutons sans décor (p12), des épingles (p55) un cabochon en verre taillé en diamant offert par Rahma (p38), une chaînette de cuivre rongée de vert-de-gris offerte par sa mère, (p96).
Pour les autres, ce sont des vieilleries, le « bijou fabuleux et barbare »aux yeux de l’enfant est pour la mère « un bout de verre qui peut causer une blessure » (p39)
La métamorphose et ses secrets:
La transformation est de deux ordres. Le savoir faire et l’imagination. Ainsi, une opération de nettoyage transforme le métal vil en métal noble. « je savais transformer le cuivre, cette vile matière, en or pur ». L’imagination se charge du reste, l’objet devient fabuleux, chargé de vertus, porteur d’une histoire merveilleuse (p38). Ainsi, « Les plus humbles de mes boutons et de mes clous, par une opération de magie dont j’avais seul le secret, se muèrent en joyaux. » p96.
Les objets du plaisir et du mystère:
L’enfant découvre le plaisir des sens très tôt grâce à ses objets. L’objet est regardé, contemplé et caressé. Il a une âme et une vertu de talisman. Il est source de jouissance, « Il met les sens en extase » p13, et avait un goût qu’il ne pouvait goûter de la langue et le pouvoir d’enivrer, p13. L’impuissance à en jouir pleinement est un moment difficile pour lui. « Je sentais toute mon impuissance à en jouir pleinement. Je pleurais… ». Ce moment est penible quand le sommeil empêche la contemplation, « mes yeux, hélas ! n’avaient plus la force de regarder » ; sinon encore plus cruel quand les objets perdent leur pouvoir magique et deviennent des objets ordinaires, « cette constatation fut cruelle. J’éclatais en sanglots.».
L’enfant, friand de contes découvre aussi que ses objets racontent des histoires. « un bijou fabuleux provenant à n’en pas douter de quelque palaissouterrain où demeurent les puissances de l’Invisible. »(p39). Chaque objet parle son langage (p13), c’est un ami (p13 ; 249), peut être un message, un talisman où une pierre maudite.
Les heures de chagrin! :
Les objets qui fascinent l’enfant et l’enchantent ont une autre fonction. Ils lui permettent de conjurer tristesse et solitude. « La nuit, la maison tomba dans le silence, je me sentis triste. Je sortis ma, Boite,..(p54).
La Boîte à Merveilles lui permet de s’évader d’un monde de contraintes et de malheur, le monde réel, celui des adultes. Ce motif revient chaque fois qu’il est question de la Boîte à Merveilles : « Pour échapper au bruit des tambours qui bourdonnait encore sous mon crâne, j’ouvris ma Boite à Merveilles,… » (p150). « Moi, j’avais des trésors cachés dans ma Boite à Merveilles. J’étais seul à les connaître. Je pouvais m’évader de ce monde de contraintes… » (P71).
L’enfant fait appel dans ses moments de détresse à ses objets « prêts à me porter secours » (p12). Grâce à sa boîte, il se sentira moins seul, moins triste. C’est dans de pareilles circonstances que l’enfant la retire de dessous son lit : « Je me sentis triste et seul. Je ne voulais pas dormir, je ne voulais pas pleurer. Moi aussi, j’avais des amis. Ils sauraient partager ma joie. Je tirai de dessous le lit ma Boite à Merveilles je l’ouvris religieusement.»(p249).
Par MR: Daif Abdelaziz. |
12 septembre 2016 à 20 h 25 min
Le double « je » :
le je narrant et le je narré.
Le je narrant:
Le je narrant, c’est celui qui narre, qui raconte : c’est l’autobiographe en train d’écrire l’histoire de son passé. C’est l’auteur qui jette un regard d’adulte sur son passé.
Ex: – Je n’ai pas encore oublié ces instants.Seigneur! je me souviens. Je me souviens de cette solitude vaste comme les immenses étendues des planètes mortes. ( In la Boite à Merveilles)
-Moi, je ne dors pas. Je songe à ma solitude et j’en sens tout le poids. Ma solitude ne date pas d’hier. ( In la Boite à Merveilles)
- Il me reste cet album pour égayer ma solitude. ( In la Boite à Merveilles)
Le je narré:
Le je narré, c’est le protagoniste de cette histoire racontée, de ce vécu. C’est le personnage au moment de l’action au passé.Il n ‘a pas encore l’experience de l’adulte et son regard garde encore l’innocence de son enfance.
Ex: je n’étais qu’un enfant , Seigneur.Je ne savais pas que le jour naissait de la nuit… ( In la Boite à Merveilles)
A six ans, j’étais seul, peut être malheureux. ( In la Boite à Merveilles)
Je comprenais le langage des oiseaux et de bien d’autres bêtes encore. ( In la Boite à Merveilles)
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12 septembre 2016 à 20 h 26 min
Les temps du récit, dans l’incipit de la Boite à Merveilles.
Une ouverture au présent
Le présent de l’indicatif a des valeurs différentes selon son emploi. Deux valeurs sont à retenir dans notre cas.
Le présent de l’énonciation : il correspond au moment où l’on parle.
Je songe / Je ne dors pas / Ma solitude ne date pas d’hier Ma solitude ( aujourd’hui, en ce moment)
Je vois P3 5 (maintenant que je parle) / Il me reste cet album pour égayer ma solitude P6 je crois n’avoir jamais mis les pieds dans un bain maure depuis mon enfance / A bien réfléchir, je n’aime pas les bains maures P11.
Ce présent annonce un énoncé ancré dans la situation d’énonciation. Il révèle la présence d’un narrateur adulte et du moment d’écriture (moment de la parole, de l’énonciation). Il lui permet aussi de faire des commentaires. Ce temps est courant dans des genres littéraires comme l’autobiographie.
Le présent de narration : il s’emploie pour rapporter des actions passées en les rendant plus « vivantes », plus actuelles, donne une impression de direct.
Ainsi Sefrioui a recours à ce présent pour rendre cette scène qui appartient au passé et la montrer avec un effet précis.
Au présent: « Je vois » Ennoncé ancré dans la situation, présent de énonciation Au passé, l’enfance… Un petit garçon de six ans dresser un piège pour attraper un moineau Il (l’enfant) désire tant ce moineau /Il ne le martyrisera pas / Il veut en faire son compagnon Il court / Il revient s’asseoir sur le pas de la porte / Le soir , il rentre le cœur gros P3
Le MARDI, jour néfaste pour les élèves du Msid me laisse dans la bouche un goût d’amertume. Tous les mardis sont pour moi couleur de cendre. Il faisait froid…..
L’imparfait pour enchaîner
Le premier chapitre de la Boîte à Merveille est dominé par l’imparfait. Ce temps permettra au narrateur de peindre les lieux réels de son enfance, la ruelle, l’impasse , la maison, la salle du msid, les personnages qui l’ont marqué et le monde fabuleux dans lequel il trouvait refuge.
Deux valeurs à souligner
L’imparfait associé au passé simple, le premier pour décrire le cadre, le second pour dire la succession des événements.
Portrait + cadre de l’action
« L’école était à la porte de Derb Noualla. Le fqih, un grand maigre à barbe noire, dont les yeux lançaient constamment des flammes de colère, habitait la rue Jiaf. Je connaissais cette rue. Je savais qu’au fond d’un boyau noir et humide, s’ouvrait une porte basse d’où s’échappait toute la journée, un brouhaha continu de voix de femmes et de pleurs d’enfants. »
Cadre + actions
« Dès notre arrivée nous grimpâmes sur une vaste estrade couverte de nattes. Après avoir payé soixante-quinze centimes à la caissière nous commençâmes notre déshabillage dans un tumulte de voix aiguës…….je retirai mes vêtements et restai tout bête, les mains sur le ventre….
Dans les salles chaudes, l’atmosphère de vapeur, les personnages de cauchemar qui s’y agitaient, la température, finirent par m’anéantir. Je m’assis dans un coin, tremblant de fièvre et de peur. Je me demandais ce que pouvaient bien faire toutes ces femmes qui tournoyaient partout, courraient dans tous les sens, traînant de grands sceaux de bois débordants d’eau bouillante qui m’éclaboussait au passage. » P9/10
L’imparfait pour un énoncé ancré dans la situation d’énonciation Il faudrait relier ce temps au présent d’énonciation. Les deux se confondent.
« A six ans, j’avais déjà conscience de l’hostilité du monde et de ma fragilité. Je connaissais la peur, je connaissais la souffrance de la chair au contact de la baguette de cognassier. » P20
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Par Mr Daif Abdelaziz
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