L’ours est une bête sauvage que tout le monde respecte dans la forêt. Non pour sa taille et sa corpulence, mais plutôt pour sa force et son agilité. Bagarreur, l’ours ne recule jamais devant un corps à corps pour défendre son territoire de chasse.
Pourtant, l’ours n’est pas heureux. Il a quelques problèmes avec les loups : ceux-ci se moquent bien de sa puissance et n’arrêtent pas de le provoquer en montrant leurs crocs, en bavant et en grognant.
Tandis que la meute grimace devant l’ours, arrive une petite chenille sans nom, sans maison et sans trop savoir ce qu’elle fait sur terre.
Elle trouve une petite place à l’ombre, près de l’ours et s’endort. Bien trop occupé avec ses loups, l’ours ne remarque même pas sa minuscule voisine de palier.
Le temps passe. L’ours, épuisé par ses combats et la défense incessante de son territoire, tombe malade. Il se couche. C’est alors qu’il aperçoit la chenille qui, elle mange tout le temps et ne dort jamais.
Cette bestiole l’intéresse un moment, puis il s’en détourne, car il faut sans cesse inventer de nouvelles stratégies pour anéantir les loups.
Un jour cependant, l’ours découvre que la chenille n’est plus là. Il s’était habitué à sa présence et sa disparition le chagrine. Il la cherche sous les feuilles, sous les fleurs, au pied des arbres. Rien. Il est déçu…
Mais, quelle est cette chose qui effleure ses courtes oreilles et se pose sur son gros museau ? Un beau papillon aux ailes argentées.
- Salut l’Ours, lance le papillon
- Bonjour, grogne l’ours.
Qui es-tu ?
- Tu sais bien : c’est moi, la chenille. Je suis devenue papillon.
- Oh ! Mais je ne t’ai pas vu grandir. Je ne me suis même pas aperçu de ta métamorphose.
- Tu me parais bien triste, dit le papillon.
- C’est vrai… J’ai l’impression d’avoir raté quelque chose d’important. Tu étais à côté de moi et je t’ai laissé seule, alors que tu te transformais en silence. Au lieu d’admirer ces changements magiques, je me débattais avec ces loups hideux.
- Il n’est pas trop tard, répond le papillon : regarde autour de toi toutes les petites chenilles qui jouent sur les feuilles : tu peux les apprivoiser. Il suffit de leur donner un nom.
C’est ainsi que l’ours abandonna la lutte stérile contre les loups pour choyer ses nouveaux amis. Il leur donna de doux noms : Joie, Sourire, Bonheur, Paix, Harmonie, Lumière…
Aujourd’hui, on peut rencontrer dans la forêt profonde, un très bel ours que tout le monde respecte, non pour sa taille et sa force, mais parce qu’il est serein, sage et… entouré de mille papillons aux ailes argentées.
La chenille de ce petit conte symbolise les puissances magiques à l’oeuvre dans la nature, les beautés simples que nous offre le monde, le renouvellement incessant de la vie. L’ours est trop occupé par les loups qui l’entourent : ces derniers représentent les soucis quotidiens, les angoisses journalières. Comme nous, l’ours a des soucis ; il est d’abord incapable de regarder le positif qui existe dans sa vie. Et il passe à côté de l’essentiel. Souvenez-vous : il est important de nous arrêter pour écouter, observer et goûter la vie toute simple. Le bonheur se trouve souvent là où on ne l’attend pas.
« La simplicité de la vie est le signe de la vraie prospérité. » Swâmi Râmdâs
20 avril 2015
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