des_usages_du_kamishibai
A partir du travail mené L’Atelier du Patrimoine de « La Fraternelle » par les classes du R.E.P.
de Sr Claude de 2002 à 2005 & des témoignages des enseignants impliqués dans ces projets :
Gaëlle Riolet, Christophe Perrod, Sylvie Pédroarena, Valérie Michel, Rémi Golden, Anne Sophie Canto, Jill Bonnet & Michel Bastien
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Sommaire
Son principe page 3
En tant que représentation théâtrale
Le langage verbal page 5
La mise en espace page 6
En tant que travail interdisciplinaire page 7
Objectifs didactiques
Croiser les langages, les outils, les moyens de création et de
communication
Objectifs pédagogiques
Développement des dons d’observation et d’expression
Eduquer à l’image
Créer des histoires pour les raconter page 9
Imageries des fables, légendes et contes populaires
Le texte
Réinvestissement des acquis en y associant l’image page 10
Mise en oeuvre des rapports texte/image page 11
Définir l’espace et les personnages
La nature de l’illustration
Les techniques page 12
Allier l’image “d’expression personnelle” à une image de
“communication” page 13
La recherche du spectaculaire page 14
Le champ de l’image, l’espace de l’image, la couleur page 15
Dans le cadre des programmes
Kamishibaï et enseignements des lettres page 17
Les arts plastiques au sein du dispositif Kamishibaï page 19-21
Définitions, thèmes et conditions de réception :
les origines du Kamishibaï page 23-26
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Des usages du kamishibaï
Son principe
Le kamishibaï se présente comme
une sorte de grand livre d’images à
manipuler d’une certaine manière
Figure 1: sur www.hanayome.biz/kamishibaï
Les cartes illustrées s’insèrent soit verticalement, soit latéralement, et successivement, dans une armature de bois, un castelet qui fait office de fenêtre
Tout ou partie des histoires, contes, légendes illustrées par ces cartons est écrite au verso de chaque illustration, pour assurer le fil de la narration.
Figure 2: sur www.doshinsha.co
Figure 3: sur www.digital.lib.nttdocomo.co
Ces images ne sont pas que des illustrations pour agrémenter la narration, textes et images se « soutiennent » mutuellement pour aussi soutenir l’attention
du public Dans le cas d’une mise en scène plus sophistiquée, les images peuvent être éclairées par un ou des projecteurs, et divers supports peuvent être adjoints, panneaux
indicateurs, comme dans le
cinéma muet, affiches…
Selon la forme scénique adoptée, le
lecteur est récitant, conteur ou acteur
Dans ces deux derniers cas, il y a une
plus grande part de mémorisation du
texte, et d’éventuel ajouts de glose, qui
sont autant d’options pour le conteur.
Le texte, dit par un ou des récitants
faisant jouer le ressort du dialogue, du
choeur…
Les spectateurs peuvent aussi être mis
à contribution
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En tant que représentation théâtrale
Construire et mettre en scène un récit illustré sous la forme du kamishibaï
suppose donc de savoir mettre en relation le texte écrit, l’image et la diction
On ne fait pas que montrer l’image, on la « joue », l’adaptant au public
Le langage verbal
C’est au conteur donc de poser son texte afin que le changement des images
soit un temps, soit de pause, soit une attente… « ouvrez grand vos oreilles, et
n’oubliez jamais ce qui va suivre…» (Amélie & Thrille contre les vampires)
§ c’est la place du prologue, mais aussi de tous ce qui dans le
déroulement de l’histoire sert aux enchaînements et au
suspens.
L’annonce faite, le récit se développe sur les registres appris des techniques
d’expression et l’art de la narration:
§ récit linéaire … « il était une fois… » (le conte du Chat triste)
« Nous sommes début janvier…» (La Grande Katastrophe)
§ forme dialoguée (Une Guérison Mystérieuse)
§ adresse aux spectateurs :
« Savez-vous …? » (Le conte du Chat triste)
Cette dramatisation (au sens théâtral du terme) peut-être plus ou moins
élaborée : aparté, dialogues, on peut ajouter bruitage, fond sonore, musique
§ les onomatopées : on les trouve en usage dans la BD et au
Japon, où l’idéogramme est à la fois image et son, expression
d’une idée, e lles servent dans la langue courante pour
résumer une situation plus complexe que la seule évocation
des bruits (ce que notre langage courant permet aussi « et
splatsh ! aglagla (gata gata) ») Il existe une onomatopée du
silence, de l’étonnement – tout dans le regard : maji maji !…*)
Elles sont le moyen d’apporter plus d’expressivité au texte -et pourraient être
inclues dans l’image, ce qui ne semble pas être le cas avant le manga –
§ et de faire participer plus d’intervenants
(Horacius dictus Cocles)
§ voir les spectateurs, comme dans La famille Circus, où un
assistant convie la salle à repérer sur une sérigraphie affichée
des sons susceptibles de traduire la situation: cris et
exclamations.
* JAPON au pays des onomatopées Pierre Ferragut Ed. Ilyfunet Le Japon en poche
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La mise en espace
Théâtre de papier, au support de dimensions réduites (sans normes
exactes, plutôt relatives à l’usage), le kamishibaï attire son public par la
confidentialité qu’il induit – une proximité qui est généralement la forme
recherchée par le conteur- mais aussi par quelques constances ;
§ l’image occupe la totalité de la surface (similarité écran)
§ un nombre définit d’images, de 8 à 12 ou plus, réduit de
préférence ; Comme toute contrainte, elle permet la concision,
la concentration d’effets. L’économie de moyens pour l’image
participe aussi de cette recherche, et peut favoriser le choix de
certaines techniques
Figure 4 : http://www.geocities.jp/kamishibai/index.html adapté à défaut de traduire le japonais…
Échanges interclasses : par delà les expériences conduites pour
« les enfants du kamishibaï »
échanger les histoires ou les images, les unes servant à
l’écriture des autres, par envoi postal ou par l’Internet,
croiser les idées au moment de la création, en imposant des
règles nouvelles, en apportant un élément perturbateur…
CREER + PARTICIPER
Les spectateurs voient
les illustrations,
l’image captive, les
spectateurs réagissent,
J’interviens pour parfaire la mise en scène participent, s’avisent…
ou aider à la compréhension selon le public
en présence, installer des adjuvants…
Le narrateur lit
l’histoire écrite au
dos et la joue
Chaque panneau constitue
une séquence de l’histoire
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Le Kamishibaï est un travail interdisciplinaire qui offre une richesse
pédagogique dans les contenus d’apprentissage des programmes-cadres de
l’éducation nationale
Objectifs didactiques
Ils reposent sur l’engagement des élèves – par leur contribution: chacun
produit – dans une pratique collective où tous s’acheminent vers une
proposition commune cohérente
Au sein de cette démarche prospective, il s’agit de
§ créer des histoires pour les raconter
§ passer de la lecture à l’écriture,
§ passer de l’écriture au spectacle
§ passer de l’écrit à l’image ou inversement
Et de croiser les langages, les outils et moyens de création et de
communication.
En tant que travail sur le texte, si le conte en est le support originel, on peut
imaginer d’autres usages, à travers d’autres genres : exposé, récit
d’expérience – son usage préfigure le diaporama – et promouvoir ainsi des
acquisitions fondamentales dans des disciplines autres qu’artistiques et
littéraires.
Objectifs pédagogiques
Développement des dons d’observation et d’expression
Dans le contexte de la classe, favoriser la communication et la coopération
entre les élèves
§ en faisant valoir chaque cheminement particulier confronté à
d’autres par la pratique de création (témoignage sur Une
Guérison Mystérieuse)
§ appropriation et appréciation critique par une suite de
questionnements liés à ce qui a été dit et montré en groupe
restreints, puis dans le récit (spectacle)
Les acquis et héritage culturels : en ouvrant le champ de ses références et
en établissant des rapprochements
Le kamishibaï fait le lien entre les images fixes de l’album illustré et celles,
successives de la bande dessinée et du dessin animé, autant de supports
connus des élèves dès les premiers apprentissages
§ découverte d’une culture – Japon -
§ par rapport à la diversité des publics scolaires : enquête sur
d’autres pratiques d’arts vivants des différents pays d’origine ?
§ Initier à la connaissance d’une culture fondatrice
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Imageries des fables, légendes et contes populaires
« Le royaume du conte, c’est d’abord notre univers personnel, le lieu de nos
constructions et affrontements » JP Agremy, président de la BNF
Pour visualiser les scènes décrites : quelques apports
§ imagier des manuscrits et parchemins :
§ les vitraux des églises occidentales pour les textes bibliques, les
planches gravées diffusées par les colporteurs, les images d’Epinal
etc. servaient à fixer quelques scènes et personnages stéréotypés de
nos contes populaires
§ les livres jeux pour enfant « petits théâtres de papiers » animés de
figurines qui peuvent être articulées
§ et d’autres références : Guignol et les marionnettes des théâtres
forains (même dépendance à un texte, aux contes, même simplicité
des intrigues, même archétypes), le théâtre d’ombre, les lanternes
magiques, comparables par la segmentation en tableaux du récit
Les « enfants de la télévision » grandissent dans un contexte qui est souvent
jugé comme « débauche d’images »
Avec les nouveaux médias, la création et de circulation des images c’est
accélérée ; éduquer à et avec l’image, s’est offrir la liberté de se déplacer dans
ce vaste réseau de significations, en permettre l’appropriation
Créer des histoires pour les raconter
Le texte
Sensibilisation aux éléments de la narration et de la description par des
exercices mêlant un travail d’approfondissement sur le vocabulaire, les jeux de
mots, temporalité, fonction du décor, fonction et particularités des personnages,
tout ce qui crée l’imaginaire des situations, leur progression
Par repérage, réflexion sur la singularité des textes
§ approche de l’histoire littéraire, diverses lectures,
§ étude de contes ou d’autres genres narratifs: récit, fables,
histoires extraordinaires ou poétiques…
Par imitation des discours, poursuites, pastiches, etc. puis rédaction
des textes, individuellement ou en groupes d’écriture restreints en
mettant en évidence le déroulement de la narration, varier les approches
§ différents groupes rédigent différentes situations
§ les groupes rédigent tous une variante d’une même situation
§ Mise en commun avec validation des hypothèses (le résumé
comme moyen de repérage de l’essentiel)
Les différents niveaux d’articulation qui constituent la narration sont
importants car ils permettent des choix pour le déroulement du texte et la
perception de son sens, mais aussi pour le passage à l’illustration, de l’acte à
la scène « quoi montrer de ce qui est raconté ? «
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Les outils: situation initiale, élément fondateur (perte, quête, phénomène
etc.) qui sert à enclencher la suite, élément perturbateur, situation finale
installent des repères au sein des péripéties
La forme du conte présente ces constantes définies, répertoriées (nommées
fonctions, ou motifs, ou éléments du conte) De plus, textes courts, ils
permettent l’appréhension de l’oeuvre dans son intégralité
§ sujet: c’est un récit de quoi ? un voyage initiatique ? une
machination ? une quête ? une malédiction ? …
§ épreuves et/ou péripéties
§ temps et lieux
§ transgressions, métamorphoses, fantasmagories… le registre
du merveilleux, du fantastique
§ dénouement
Associer l’aspect verbal et plastique sous une autre forme (l’affiche de La
Famille Circus)
Exploitation de l’aspect visuel de l’écrit (Propre à l’idéogramme et aux
onomatopées)
Les alternatives d’exécution : mise en oeuvre de situations de
communication théâtralisées: techniques, intonations, modes de
représentations
L’étude des témoignages met en évidence la structure du récit, les
figures de style qui ont permis le déploiement d’effets à l’intérieur de l’image
Réinvestissement des acquis en y associant l’image.
Sélectionner dans le récit les passages importants que l’on pourrait associer
aux illustrations : c’est établir le script
La qualité des illustrations peut répondre à des critères esthétiques, mais
doit se soucier de la cohérence avec le récit et de lisibilité.
La part d’évocation peut être aussi riche par l’image que par l’écrit et le
récit (diction, jeu de scène etc.) Cette non préséance de l’une des formes sur
l’autre est un des intérêts de cette forme d’expression
La contrainte du peu d’images ne le permet pas toujours l’unité de temps, de
lieu et d’actions pour chaque « tableau » comme dans une scène au sens
dramaturgique du terme : il faut alors travailler les fonctions de
l’illustration
§ quelles solutions de continuité pour rendre compte du déroulement
temporel ?
§ les décors de fond s’enchaînent dans la chronologie du récit, comme
des papiers peints déroulés ?
§ interpénétration des espaces1? Par superpositions en strates, ou
barrières visuelles – cadres dans le cadre, fragmentations …
1 Propres à l’univers des contes d’ailleurs
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Mise en oeuvre des rapports texte/image
À chaque séquence correspond une image ( ?) un fragment du texte qui est lu
(récité, conté ou « joué ») ? on peut en amont décider des “thèmes” de l’image
illustrative
§ qu’est-ce que chaque image « dit » de l’histoire ?
§ y a t’il une image significative « de moments forts » ?
Expérimenter le jeu de ces rapports dans la mise en scène
Le kamishibaï se trouve à la jonction des traditions de la narration séquentielle
d’images fixes et des traditions théâtrales. Il faut donc entrer dans les
codes propres à ses formes d’expression, gérer la dilatation du temps oral
avec l’apparition des panneaux. Il n’y a pas le recours du mouvement à
l’intérieur de la scène, il faut donc rythmer le récit
§ si le texte est simultané : les paroles précisent le sens des
§ images, résolvent sa polysémie, organise les dialogues
§ si le texte précède: il prépare et explicite, annonce, amorce
§ il peut être un aparté, un commentaire, situer l’action dans le temps
et dans l’espace, comme cette sorte de prologue qui annonce la
première image d’Amélie & Thrille contre les Vampires, qui explique
comment les reconnaître…
Définir l’espace et les personnages
Par rapport aux conventions habituelles du genre de récit choisit
La représentation des personnages
§ du registre du quotidien (l’école de La grande Katastrophe) au
bestiaire fantastique (le Conte du Chat triste)
§ généralement, un jeu sur l’échelle : rapports hiérarchiques et
position dominante en terme de coloration et disposition dans
l’image (le personnage occupe toute la hauteur)
Définir le décor, qui a quelques fonctions : situer l’action (sur un fond ou
dans un lieu, intérieur ou extérieur, végétal, minéral…), préciser les lieux :
§ l’ « ailleurs ou nulle part » qui est souvent l’univers du conte, des
espaces particuliers (école, cirque, Rome, l’Afrique …) hostiles ou
instables, bouleversés, traversés… ou plus généralement lointains,
indéterminés…
À la description des lieux, les inventions graphiques et le choix des couleurs
peuvent relayer une part de fiction, un pouvoir d’évocation
§ l’usage d’une vue en plan dans la grande Katastrophe
§ le raz de marée dans le conte du Chat triste
ainsi qu’une dimension symbolique
§ piste aux étoiles et firmament de La famille Circus
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La représentation des éléments secondaires, selon le contenu de l’histoire
§ omniprésence des vampires dans Amélie et Thrille par exemple
§ fusion/superposition des espaces : « …et j’ai découvert un passage
secret » Amélie et Thrille contre les vampires
§ orchestrer des répétitions, repères dans la narration :
§ réapparition des « mêmes » : serpent, fétiche dans Le miroir magique
(instruments de la magie)
§ vide ou foisonnant, le fond participe de l’esthétique et de la lisibilité
de l’image : un décor absent peut évoquer une action antérieure
(ellipse), une changement d’état (rêve) etc. Un graphisme dynamique
peut souligner un déplacement, le transport, le chaos…
La nature de l’illustration
les techniques
Pour illustrer chaque séquence des récits d’une manière structurée et
unitaire au niveau des personnages et des couleurs, les élèves doivent
s’approprier des techniques, des méthodes et des thèmes.
Les images doivent être lisibles à distance, donc claires dans leur
organisation, et/ou nettement contrastées, colorées ou pas, attractives de fait
L’enfant s’oriente spontanément vers la représentation graphique dès lors
qu’il s’agit de « figuration »
Le dessin : il est vecteur d’invention et d’expression : les enfants, avant de se
conformer à un modèle, invente leurs propres représentations.
§ A l’âge où cette spontanéité s’efface devant une recherche de la
ressemblance et de la conformité à un stéréotype, il faut
davantage accompagner la recherche plastique et donner
quelques outils à l’élève. Comme pour le texte, l’imitation, la
copie, la citation sont des moyens
§ La présence éventuelle de traits cernant les contours, la
précision sont des choix préalables, dépendant des conditions de
réalisation
À l’atelier de la Fraternelle, le choix est fait de conserver ces dessins
spontanés – ces mangas…
§ prise en compte des capacités spécifiques : savoir faire et/ou
invention en terme de représentations
§ valorisation du dessin spontané par le recours aux nouvelles
technologies
§ L’outil informatique a un rôle d’appoint car il permet la réalisation
des typons (cliché photographique sur film positif destiné à être
utilisé comme base à la réalisation des écrans ou des clichés) pour
le tirage des images en sérigraphie
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Les caractéristiques de styles du manga (BD japonaise)
§ un art de la ligne claire
§ l’humour des situations, la caricature sont récurrent
§ les kanji (idéogrammes) utilisés comme éléments
graphiques, onomatopées
Allier l’image “d’expression personnelle” à une image de communication
Par le choix du médium, ses contraintes et sa spécificité : la technique de
l’estampe est spécifique à l’atelier de la Fraternelle, et impose des étapes
rigoureuse de réduction – en nombre d’images et en style de figurationtirages,
passages successifs et multiplication des tirages.
D’autres techniques graphiques peuvent être utilisées pour jouer des
rapports figure/fond
§ rôle des motifs, des jeux graphiques, lignes courbes ou brisées,
accumulées ou ordonnées etc. qui sont des manières de figurer des
lieux, des éléments ((eau, terre desséchée etc. . dans le Miroir Magique.)
(Guérison mystérieuse, neige de la Grande Katastrophe) mais qui
peuvent aussi être de pures formes décoratives (frise assurant une
unité, motif all over – procédé propre au manga : trames)
D’autres procédés :
§ estampe, linogravure, frottages… coloration au pochoir
§ collage ou papiers collés (selon le degré de figuration) ont
la caractéristique commune avec l’estampe de permettre
des répétitions – et donc des repères : personnages,
motifs, décor… –
Un dispositif apparenté aux silhouettes découpées du théâtre d’ombre :
§ A défaut des manipulations propres à cette forme, de
figures découpées derrière un écran plat, les techniques
mixtes (présence dans une même image de procédés
différents) peuvent apporter les nuances recherchées dans
le théâtre d’ombre : flou des figures en profondeur par
exemple…)
Le montage photographique à partir de prises de vue dans la classe
d’éléments réels ou fabriqués
§ des objets, comme dans les théâtres d’objets, les montages
surréalistes, ou des marionnettes confectionnées à partir de
pliage, ribambelles, papier mâché etc. , des maquettes…
§ les photographies peuvent ensuite être détourées et
copiées/collées sur un fond colorié avec un logiciel de
traitement de l’image (trames, photographies, dessin scanné
et re-coloré etc.…)
§ l’outil infographique permet des effets spécifiques au manga,
qui sont nos sources d’inspiration : surexpositions ou
inversion des photographies pour créer des ambiances, filtres,
flous etc.…
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La recherche d’une unité formelle n’exclut pas d’utiliser plusieurs
sortes de dessins –
§ le chat, dans « Le conte du Chat triste », n’est jamais le même,
plusieurs élèves ayant contribué à sa représentation, il n’y a
pas eu de sélection
§ le mélange de plusieurs types graphiques est aussi un ressort
de l’expressivité recherchée
§ Ou de réaliser des images avec des techniques différentes
§ pour marquer une progression, dans le temps ou dans la
dramaturgie
§ pour jouer de contrastes signifiants pour la compréhension
du récit (Hétérogénéité des moyens plastiques)
La recherche du spectaculaire
En privilégiant les sensations fortes, en ménageant des surprises, le
scénariste en accentue l’effet visuel : les moyens dont il dispose sont autant
ceux de la simplification que, à l’inverse, une complexité dans l’image
La construction spatiale procède surtout de relations de proximité ou
d’éloignement appuyées par le dessin, les dispositions, les proportions. Elle
peut être soulignée par le dessin d’un paysage
La sérigraphie – mais aussi des formes de techniques mixtes, aquarelle et
dessin, par exemple, ou coloriage et collage etc.… permettent la
superposition d’images
L’étude de chacun des kamishibaï révèle les options prises, étroitement liées
à la question de la couleur puisque dépendante des encrages successifs : on
accorde à chaque strate une couleur et une fonction, créant ainsi un espace
médian qui joue de l’illisibilité immédiate de l’image, complexe, et où l’on
apprend peu à peu à déceler l’action sous-jacente, ou un autre moment de
l’action, un ressenti, une sensation…
§ la grande Katastrophe vues en plan ou ‘de dessus’
§ perturbations d’orientations (3ème tableau d’ Amélie & Thrille)
§ hiérarchie des plans
Tout cela se négocie à la création du projet, par ajustement et favorise la
contemplation dans la durée
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Le champ de l’image, l’écran, espace littéral du support
L’illustration plein cadre suppose une dynamique interne à chaque image :
c’est sa composition, au sens de son organisation
§ l’espace est limité par le cadre
§ le champ de l’image est aussi un fond que l’on peut imaginer
monochrome ou porteur d’un décor uniformisant, comme un
papier peint, que l’on peut varier (couleurs à l’intérieur des
motifs)
L’espace dans l’image : la représentation de l’espace
On peut considérer le cadre du kamishibaï comme la « fenêtre ouverte sur le
monde » des veduta de la Renaissance : le décor est caractérisé par une unité
de lieu, intérieur ou extérieur, une vue, un paysage, un « décor »
Travailler les ambiances
Comment suggérer alors la profondeur ? Est-elle
nécessaire ?
Les notions des hiérarchies des plans dans la construction de l’espace en
trois dimensions, les perspectives sont des notions que l’on ne peut guère
aborder avant le collège
Le cadrage, comme déterminé par la photographie, c’est-à-dire la manière
dont est cadré le motif (échelle des plans, plan d’ensemble, gros plan etc.…),
les sorties de cadre – figures tronquées, qui sont non plus des ruptures
(cadre clos sur un espace) mais des solutions d’enchaînement, de liaisonsont
également dépendants d’images mentales et donc de savoirs élaborés
progressivement
§ les jeunes enfants n’ont pas la connaissance des limites de l’image
§ Ils appréhendent le support comme un vaste champ de projection,
§ et dans toute son étendue, selon des relations de proximité
§ (perspective rabattue)
§ la dramatisation et le montage des images sur des rythmes
spécifiques
La présentation linéaire des kamishibaï dans leur exposition fait écho à la
présentation tabulaire de la BD et met en évidence ce qui procède du
montage au sens cinématographique : organisant la succession
La couleur
Les aplats de couleurs de l’estampe répondent à trois options concourantes
¨ soumission de la couleur à la forme
¨ clarté de l’image
¨ lisibilité des codes : 2 ou 3, en fonction des « plans »
introduits dans l’image
La couleur est en rapport avec la construction narrative : fonction de
désignation et d’assignation (ce qui « ressort » ou doit « ressortir »
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Dans le cadre des programmes
Kamishibaï et enseignement des lettres
Réaliser un kamishibaï constitue une manière originale de répondre aux
exigences des programmes de lettres à l’école, au collège et au lycée. Ceux-ci,
en effet, s’organisent autour des trois dominantes lire, dire, écrire
auxquelles est associée l’analyse de l’image
Si, comme c’est le plus souvent le cas, le kamishibaï a pour point de départ
un récit, le choix des passages qui seront illustrés est l’occasion d’étudier
finement le texte retenu ou de structurer celui que l’on veut rédiger.
On peut d’ailleurs imaginer de ne travailler que sur le canevas d’un récit oral
et de ne rédiger que des bribes de texte destinées à le soutenir.
D’autres types de textes (explicatif, argumentatif) sont également
susceptibles d’être transformés en kamishibaï
Ensuite la réalisation des illustrations permet d’aborder les valeurs
descriptives, narratives ou psychologiques des cadrages, de même que
diverses techniques plastiques dans son activité interdisciplinaire
Enfin, on peut apprivoiser l’expression orale à différents niveaux de
difficulté : d’abord en petit groupe, puis devant un public plus nombreux,
une autre classe par exemple , avant d’aborder un auditoire inconnu ou
encore plus important. Le support du kamishibaï se révèle alors un précieux
auxiliaire. D’une part il protège en parti le conteur, en partageant avec lui
l’attention du public, d’autre part, les indications figurant au verso des
images le rassurent. Parallèlement, durant répétitions et représentations, on
forme le public à adopter un comportement de spectateur capable d’écoute
attentive et respectueuse, mais aussi de participation et d’analyse critique.
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Les arts plastiques
au sein du dispositif « kamishibaï »
(dispositif: Ensemble d’éléments concourant à la situation
d’apprentissage, espace, temps, matériaux instruments,
références, types d’interventions)
De l’école primaire à la 6° et au-delà, au collège on fait référence aux notions
suivantes
forme, figure
§ savoir / représenter (dessiner, figurer)
§ raconter avec l’image
il s’agit d’appréhender les moyens plastiques d’une intention narrative :
le jeu possible avec les formes, qui n’est pas que la quête d’une
maîtrise gestuelle et instrumentale, mais plus sûrement la découverte
de la valeur expressive des écarts – par rapport à un réalisme, une
ressemblance auquel se conforme l’élève –
… prendre conscience de la valeur expressive des écarts, selon les moyens, selon
l’instrumentation, des différences inévitables, entre le modèle et son imitation, qui peuvent
fortuitement ou involontairement accentuer idéalement la ressemblance ou la détourner
spectaculairement…
§ différencier la relation de la forme au fond
§ les rapports entre constituants plastiques et « fond » ouvrent aux
notions d’hétérogénéité et de cohérence
La notion d’unité dans le choix des matériaux en fonction de leurs relations
plastiques, les éléments par rapport à l’ensemble,
La notion d’hétérogénéité pour les techniques du collage d’éléments
hétéroclites, association d’images disparates, intrusion de perturbations,
techniques mixtes…
espace
§ situer dans l’espace en deux dimensions
§ notions d’organisation : répétition, alternance, superposition,
agrandissement/réduction
§ quelques principes plus complexes de composition
§ Concentration/dispersion
§ Plein/vide
§ Dominantes, sous –dominantes
couleur
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L’utilisation de la couleur est liée au remplissage de surfaces selon des règles
implicites concernant l’apparence finale de la surface et des bords, sur le
choix des couleurs pour signifier tel objet ou tel sentiment.
Définir un langage des couleurs c’est faire dépasser la conception usuelle de
la couleur quant à son rôle d’identification : les écarts, là encore, délibérés,
confèrent à la couleur des fonctions nécessaires, au-delà de la seule imitation
§ un rôle de désignation : fonction expressive, fonction spatiale, fonction
esthétique
§ un rôle d’identification symbolique
image
Fonctionnement de l’image et langages de l’image narrative
Nature et type d’images
Fabriquer une image dans le champ des arts plastiques, c’est faire des choix de médiums,
de supports, de matières, de matériaux, d’outils afin d’organiser dans l’espace et dans le
temps une configuration qui rende visibles, simultanément, un objet et un point de vue
spécifiquement artistique sur cet objet.
Fabriquer, faire une image, c’est donc se déterminer concrètement sur la façon dont les
objets et les choses vont être donnés à voir. C’est proposer une «vue» mais aussi une
«vision» singulière.
Étude des possibilités de combinaison
§ le conte du Chat triste
bleu chat et personnages
rouge éléments de la mise en scène
jaune de Naples : décor de fond
§ la famille Circus
Davantage d’interpénétration des couleurs/désignations moins lisibles ?
§ Amélie et Thrille contre les vampires
Toujours noir un grand personnage
Rouge les autres personnages
Ocre jaune fond
§ Une guérison mystérieuse
Alternance : 4 jaune vert bleu / 4 rose rouge violet
Distribution / l’intérieur du corps (dedans, dehors, devant…)
§ le Miroir magique
noir grands personnages
rouge décor
or de l’ordre du symbolique
§ la grande Katastrophe
1ère image (évacuation) scène noire s/fond
bleu
Fond : évolution vers le cyan
§ Horatius dictus cocles
Vert d’eau Fond
Noir Personnages et quelques éléments de
narration
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Dans les classes supérieures : une approche progressive des constituants
plastiques de l’oeuvre et de la structure de l’oeuvre :
ligne, surface, couleur valeur, facture, volume, format, support, matériau,
médium
relation forme/fond rapport plein/vide ; notion de champ, d’espace, de
profondeur…sont des notions qui évoluent en tant que codes de
représentation, jusqu’aux procédés photographiques, à l’ infographie, aux
multimédias
Le travail de reche rche ainsi que l’aboutissement sont valorisés et le « processus de création
mis en jeu entre intentions et réalisation » est mis en évidence : portée expressive, artistique et
esthétique des partis choisis
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Définitions, thèmes et conditions de réception :
les origines du Kamishibaï
Au Japon, le théâtre (shibaï) de papier (kami)2 est apparu probablement
au XVIIème siècle: des colporteurs auraient contribué à sa diffusion; ces
marchands ambulants de sucreries – et, plus rarement, de livres, de médailles, et
de bibelots – faisaient résonner leurs clapets (hyoshigi)3 (brigadier) dans la
rue, les places, pour attirer les clients.
http://atubon.hp.infoseek.co.jp/mimosuso.html
Placé derrière un castelet (butaï) accroché à une bicyclette, le narrateur
(Gaito Kamishibaiya) faisait défiler des images – une dizaine de feuilles – et
s’improvisait conteur (à moins que ce ne soit l’inverse)
A un certain moment de cette aventure, des mesures gouvernementales ont
dues être prises pour contrôler ces pratiques, au point de vue de l’hygiène
pour les marchandises, et pour éventuellement cadrer le contenu des
histoires. Le kamishibaï, à pu être ainsi le vecteur de certaines propagandes
de guerre, ce qui souligne d’ailleurs qu’il n’était pas exclusivement une
distraction pour les enfants
(Le parallèle pourrait être alors fait avec les actualités cinématographiques
des débuts du cinéma)
Les conteurs de kamishibaï étaient ainsi soumis à la demande d’un permis
d’exercer.
2 kami suivant le contexte utilisé (des kanjis), signifie « papier », ou « esprits
protecteurs », dieux dans la religion shintoïste.
3 Hyoshigi: instrument utilisé dans les théâtres traditionnels abuki, bunraku ou nô pour
annoncer le début d’une représentation, ou pour rythmer les annonces du yobidashi, celui
qui dirige les combats de sumo ; il se compose de deux morceaux de bois dur ou de bambou,
reliés par une mince corde ornementale, et joués en les percutants ou en frappant le
plancher, lentement puis de plus en plus rapidement
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Divertissement très populaire, il était aussi un « auxiliaire » de vente (sans
en faire l’argument, comme aujourd’hui d’autres formes d’images
médiatiques, la publicité par exemple) ; mais les enfants qui avaient acheté
des bonbons étaient les mieux placés pour assister au spectacle. D’autres
fois, on raconte qu’ils gagnaient leur ticket. Les deux pratiques mêlées dans
l’exercice du métier soulignent la proximité avec le colporteur du continent
européen ?
Il n’y a pas trace écrite de l’origine des images : les conteurs était-il aussi
descendant de ces peintres voyageurs connus dans tout l’Extrême orient ?
Les histoires racontées étaient inspirées des contes traditionnels
japonais, mais aussi d’autres cultures et traditions orales. Dramatiques ou
comiques – un aspect lié à leurs sources dans la tradition iconique japonaise
des caricatures – les images étaient très vivantes avec des couleurs vives et
tranchées, elles devaient être lisibles à distance.
Cette tradition populaire est restée très vivace, spécialement dans les
années 30, période de récession économique – on parle alors de quelques
25.000 joueurs dont 6000 pour la seule ville de Tokyo – et juste après les
destructions de la deuxième guerre mondiale:
http://delphiessential.kunspace.com/essay.htm
Souvent, les histoires étaient narrées sous formes d’épisodes, ce qui fidélisait
le public.
On retrouvera cette habitude dans d’autres formes de narration séquentielle
par image, dans la bande dessinée occidentale par exemple, dont la
naissance est pareillement attachée aux colporteurs
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On peut comparer cette « petite forme » au théâtre de marionnettes, dont la
manipulation était bien évidemment beaucoup plus complexe – le bunraku
japonais nécessite 2 assistants et un maître- mais qui a l’origine servait
aussi à la narration des mythes fondateurs, épopées etc. et cela pour la
distraction des enfants comme des adultes.
L’usage du castelet est aussi un point commun à ces deux formes de
spectacles Le théâtre de rue n’était pas le seul usage du kamishibaï, mais
c’est cette pratique qui l’a popularisée, comme Guignol en Europe
www.2.odn.ne.jp/kisatsu/bangai/enji.html
Il fut aussi un instrument pédagogique, pour enseigner les disciplines
scolaires.
Le kamishibaï fut détrôné par la télévision vers 1953, mais cette pratique
perdure aujourd’hui à travers le monde comme loisir dans le domaine de la
littérature et des spectacles jeunes publics, mais aussi à des fins
pédagogiques : la nécessaire restauration d’une approche sensible et moins
passive des formes du spectacle, l’éducation à l’image et la construction de
savoirs (lire, écrire, écouter, communiquer, créer, coopérer) a favorisé
l’introduction de ces petits théâtres à l’ école (outils médiateurs), dans les
bibliothèques
Il est aussi l’instrument de découverte d’une culture et, à travers le conte,
d’une grande diversité de traditions, orales, iconographiques
En tant qu’outils à images séquentielles le kamishibai peut être considéré
davantage comme l’ancêtre des mangas que « TV primitive « comme le
surnomme Sashoki Kako, un conteur de kamishibaï.
Le succès des conteurs de rues est sans nul doute à la base de l’engouement
considérable de ce produit culturel spécifique au Japon, qui va d’ailleurs
s’intensifier à cette même époque, après-guerre, grâce à des dessinateurs
(magaka) remarquables, comme Tezuka Ozamu (1926-1989), et sous
l’influence des comic’ strips américain (le Japon est alors sous occupation)
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Les origines du kamishibaï se sont ainsi perdues, comme beaucoup de
traditions populaires, mais il semble qu’il fasse clairement partie de la
culture visuelle japonaise des images colportées, au sein de laquelle on trouve
de réelles proximités et prédécesseurs
Les supports narratifs
§ les images de propagandes bouddhistes peintes sur rouleaux par des
artistes ambulants à partir du XII° siècle (etoki) ont en commun avec le
kamishibaï l’efficacité du langage visuel recherché et l’usage qui en est
fait (hagiographie du fondateur histoires miraculeuses etc.)
§ au sein des beaux arts (bijutsu), des images de divertissement (ukiyoe,
traduit par « images du monde fluctuant » (les sentiments) sont
développées pendant l’ère Edo (1603-1868) et correspondent à ce que
nous nommons estampe. L’art des estampes étaient un art
d’illustration de livres, mais, très vite, l’image va primer sur le texte : on
s’approche alors du « livre d’image », à regarder, et non à lire
§ les rouleaux de dessins sur papier (e-makimono ou emokimono s’ils
sont peints) illustrant en registre horizontaux, des textes.
Les emaki apparaissent au Japon dès le VIIIe siècle, et connaissent une
apogée au XIIIe et XIVe siècle comme instrument de distraction de la
noblesse.
De courts textes explicatifs ponctuent de longues scènes qui se dé roulent à
travers un écran (hirofumi). Cette priorité accordée à l’image – qui peut
assurer seule la narration – est aujourd’hui une des caractéristiques du
manga.
§ les « images de superstitions » d’usage populaire
Les spectacles narratifs
§ le théâtre de marionnettes (Bunraku) dont l’origine remontent à
des temps très lointains ; les marionnettes (désignées sous le
nom de ningyoo-joruri ou « drames de poupées » – ou de
karakuri-ningyoo « poupées qui défilent ») étaient présentées par
des artistes ambulants avant d’atteindre cette forme d’art élaboré
au XVII° siècle
§ théâtres d’ombre (kage-e)
§ karakuri-megane : des divertissements basés sur le défilement
de plaques de verre gravées ou peintes (Utsushi-é, pour les
lanternes magiques, apportées au Japon par les Hollandais
pendant la période de Meiji (1868-1912))
Celles-ci ont été adaptées sur papier et sont très vite devenues populaires
sous la forme kamishibaï
15 avril 2015 à 21 h 42 min
http://www.lejardindekiran.com/fabriquer-un-butai%CC%88-mode%CC%80le-pour-le-kamishibai-de-lenfant-conteur/
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