Guide_construction_leçons M version 26-11-14
guide construction_apc Ar 30-10-14
Guide pour la construction d’une leçon
selon l’approche par compétences
Enseignement moyen
Deux types de leçons sont possibles :
1) des leçons pour faire acquérir les ressources : connaissances et procédures (savoir-faire)
2) des leçons pour faire apprendre à mobiliser.
1) Des leçons pour faire acquérir des ressources : connaissances et procédures
Connaissances : des règles, des définitions, des formules, des faits, des informations.
Par exemple : des faits historiques, la description du relief d’un pays, une règle de grammaire, la définition de la bissectrice en géométrie, une distinction entre deux notions (par exemple, en histoire, la distinction entre pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire), un théorème en mathématiques, la composition chimique d’un corps ou d’un type de corps, une fonction biologique (la respiration, la nutrition, etc.)
Procédures : opérations intellectuelles qui peuvent être automatisées.
Par exemple : calculer la somme de fractions ; calculer le ppcm ; simplifier une expression algébrique ; repérer le paratexte d’un texte ; conjuguer les verbes à différents temps (en arabe, français, anglais, tamazight, etc.) ; dans une phrase, exprimer la cause (par exemple en français « parce que… » ou la concession (par exemple en français « bien que… ») ; déterminer le relief à partir des courbes de niveau sur une carte ; passer d’une unité de mesure à une autre en physique ; calculer une résistance dans un circuit électrique ; etc.
Pour faire apprendre une procédure ou une connaissance selon l’approche par les compétences, il faut que l’élève puisse se rendre compte de l’utilisation qu’on peut faire de cette procédure ou de cette connaissance. Et c’est seulement après cela qu’on donnera aux élèves des exercices destinés à leur faire mémoriser la connaissance ou automatiser le savoir-faire.
Pour que les élèves se rendent compte de l’usage possible de la connaissance ou de la procédure, deux possibilités :
A. Commencer par confronter les élèves à une tâche :
On donne aux élèves une tâche qu’on ne peut réaliser qu’avec la connaissance ou la procédure que l’on veut leur faire acquérir :
Par exemple si la procédure à apprendre est l’utilisation des temps des verbes, leur donner un récit dans lequel les verbes ne sont pas conjugués. C’est à eux de trouver à quel temps il convient de mettre chaque verbe.
La tâche peut être aussi une situation-problème (au sens strict de ce mot) : une tâche faite non seulement pour que les élèves découvrent une nouvelle connaissance ou une nouvelle procédure, mais aussi pour les amener à renoncer à leurs préconceptions. Car une situation-problème (au sens strict) est une tâche choisie spécialement pour que les élèves ne puissent pas la réaliser au moyen de leurs préconceptions actuelles et qui, donc, les conduira à abandonner ces préconceptions.
Pour que cet abandon soit effectif, il est indispensable qu’après la réalisation de la tâche, l’enseignant fasse formuler collectivement par les élèves les raisons pour lesquelles ces préconceptions empêchaient cette réalisation.
(Attention : dans l’approche traditionnelle, on commence souvent la leçon par une tâche de départ, destinée à ce que les élèves se souviennent de ce qu’on a vu dans les séances précédentes et à vérifier qu’ils maîtrisent bien les prérequis de ce qu’on va leur faire apprendre dans la leçon actuelle. Les tâches dont nous venons de parler sont complétement différentes de cette tâche de départ : elles s’ajoutent à elle ; elles n’ont pas pour but de rappeler aux élèves des prérequis, mais de leur faire découvrir les connaissances ou procédures de la leçon présente comme des outils pour les accomplir)
B. Indiquer aux élèves la famille de situations dans laquelle la connaissance ou la procédure peut être utilisée.
Il arrive qu’on ne puisse pas mettre en œuvre la possibilité A. Dans ce cas, on peut utiliser la possibilité B, même si elle est moins intéressante. Elle consiste en ceci :
- On présente la connaissance ou la procédure d’une manière traditionnelle.
- Puis on demande aux élèves de réfléchir au type de tâches dans lesquelles on peut utiliser la connaissance ou la procédure.
Attention, il ne s’agit pas que l’enseignant leur pose la question oralement et donne lui-même immédiatement la réponse. Il faut qu’il leur demande d’y réfléchir individuellement et en groupe et d’écrire leurs idées à ce sujet, pour que la classe entière puisse en discuter lors de la mise en commun.
- Grâce à cette discussion collective dans la classe, on parvient à établir le type de situations (la famille de situations) dans lequel la procédure ou la connaissance est utilisable.
Au total, il ne faut jamais terminer une leçon sur de nouvelles connaissances ou de nouvelles procédures, sans avoir mis en place une activité destinée à leur faire voir l’usage de celles-ci.
Mais bien sûr, il faut aussi, comme dans les pratiques pédagogiques traditionnelles, prévoir des exercices pour que les élèves mémorisent la nouvelle connaissance ou automatisent la nouvelle procédure.
Deux précisions concernant la gestion de la classe : dans ces leçons conformes à l’approche par compétences, il y a toujours à mettre les élèves en activité en leur faisant accomplir des tâches.
- Il arrive souvent que certains élèves aient terminé d’accomplir la tâche avant les autres ; il faut avoir préparé d’autres tâches à donner à ces élèves ; sinon, laissés sans activité, ils risquent de perturber les autres.
- Si un ou plusieurs élèves trouvent très vite la réponse exacte à la tâche, l’enseignant ne doit pas valider cette réponse immédiatement. Il vaut mieux attendre que les autres aient avancé dans le travail, afin de confronter entre elles les différentes réponses (aussi bien celles que l’enseignant sait être vraies que celles qu’il sait être fausses) et que la bonne réponse soit validée par la réflexion collective des élèves.
2) Des leçons pour que les élèves apprennent à mobiliser.
Dans l’approche par les compétences, il ne suffit pas que les élèves possèdent des connaissances et des procédures, il faut en plus qu’ils sachent les mobiliser judicieusement (à bon escient) dans des situations nouvelles et complexes (ou situations d’intégration).
Il faut donc faire des leçons spécialement consacrées à cela, selon le plan suivant :
- On donne aux élèves une tâche nouvelle et complexe. Il faut que cette tâche n’exige que des procédures et des connaissances qu’on leur a fait apprendre auparavant. Attention : cette tâche n’est pas destinée à évaluer les élèves, mais à les entraîner à mobiliser ce qu’ils savent dans des situations nouvelles et complexes.
Une tâche nouvelle est une tâche à laquelle les élèves n’ont pas été entraînés, même s’ils ont été entraînés aux connaissances et aux procédures qu’elle exige.
Une tâche complexe est une tâche qui exige l’utilisation de plusieurs connaissances ou de plusieurs procédures.
- Ils travaillent sur cette tâche individuellement ou collectivement.
- On fait une mise en commun : des élèves expliquent comment ils ont abordé la tâche et quelle réponse ils lui donnent. L’enseignant fait discuter par l’ensemble de la classe les propositions faites par chaque élève interrogé.
La discussion doit porter :
1) sur l’interprétation de la situation ou de la tâche, c’est-à-dire sur les éléments de la situation qu’il faut prendre en compte et les éléments qu’il faut au contraire négliger ; les éléments qu’il faut prendre en compte sont ceux qui renvoient à des savoirs scolaires ;
2) sur le fait qu’il ne suffit pas de chercher le plus vite possible un indice qui signale l’usage d’une procédure ou d’une connaissance, mais qu’il faut réfléchir par soi-même ;
3) sur la réponse qu’on va apporter (la production que l’élève doit construire pour accomplir la tâche ou répondre à la situation).Il faut qu’elle soit compréhensible même par des personnes qui ne sont pas au courant de la situation.
Par exemple, dans la discussion collective, l’enseignant posera des questions telles que :
- pour le point 1) : « A quoi la tâche présente vous fait-elle penser ? », « Qu’est-ce qu’on a vu en classe et qui pourrait nous aider ici ? »
- pour le point 2) : « Est-ce que nous avons bien réfléchi à la tâche ? », « Est-ce que nous ne sommes pas en train d’appliquer docilement une recette, sans réfléchir ? »
- pour le point 3) : « Est-ce que notre réponse peut être comprise par tout le monde ? », « Que faut-il préciser pour que tout le monde comprenne ? ».
L’enseignant soulignera bien, au cours de la discussion, que ce sont ces éléments qu’il faut prendre en compte.
En faisant cela, il donnera l’exemple d’une attitude que les élèves doivent adopter devant les tâches scolaires.
Cette attitude consiste :
- à aborder la tâche ou la situation au moyen d’une réflexion rationnelle et non pas avec ses propres opinions, son expérience personnelle ou ses émotions.
- à réfléchir par soi-même à la situation et non à chercher à appliquer docilement une recette.
- à donner une réponse qui puisse être comprise par n’importe quelle personne, même celles qui n’ont pas vécu la situation.
__________Séminaire de Tlemcen________
6 avril 2015
13. Tlemcen, 6.1ère année moyenne, 7.2ème année moyenne, 8.3ème année moyenne, 9.4ème année moyenne, Bernard Rey